SOLOSOLILOQUE

solo chorégraphique - 1er volet "mémoire(s)"

Présentation

SOLOSOLILOQUE, est un solo-chorégraphique d'une durée de 50 minutes de et interprété par Alexandre Fernandez.

Cette pièce a obtenue l’agrément de la Région Midi-pyrénées dans le cadre de l'aide à la diffusion du spectacle vivant

 

« Dans ma langue adoptive, le français m’éduque (…) C'est après avoir relu "La misère du monde" de Pierre Bourdieu, que j'ai ressenti le besoin de réécouter le récit de l'exil de mes parents. Récit, de leur départ de Tanger pour le nord de la France à Hautmont, que mon père m'avait enregistré sur une cassette audio et qu’il m’avait ensuite remis. Et plus je réécoutais ce récit, plus il me venait en mémoire les efforts d'intégration que nous nous étions imposés et qui désintégrèrent profondément ce que nous étions »

De ce point de vue, la démarche profondément intime de celui qui s’exprime dépasse largement sa propre histoire personnelle. Alexandre se positionne autrement dans ses deux espaces immédiats, le dedans, le dehors, l'intime, le collectif, ainsi il compose avec une multitude d’émotions, de désirs, de nécessité, de retours aux sources, de retours à l’évidence. À l’origine, l’enfant dont la langue maternelle, se tait à Maubeuge, puis l’enfant traversé par les secousses de la quête des racines, des origines perdues, de la langue disloquée, du corps oublié de l’humiliation. Puis corps déchaîné de l’adulte, territoire du corps insoumis, sentiment intime, originel, instinctif, lui indiquant le chemin à prendre vers une langue multiple. L'interpréte bouleverse ainsi ses points de vue physiquement en se déplaçant. Il ouvre ses besoins d’écritures, géographiquement. Il ajuste son corps en bougeant puisque issu d’une naissance déplacée.

« (…) J’avance dans l’imperfection de mes pas et l’égarement risqué de mes intuitions, imprudemment. En chemin, je trouve instinctivement quelques terrains à fouiller, d’où, je déracine une langue tapageuse, celle de mon corps, de mon geste, mouvement insoumis, interpellé à chaque instant par ce qui se passe dans ce monde où la volonté de chacun est de se définir par le refus de l’autre. Je prends mon temps et j'aborde ce temps dans l’intimité du corps instinctif et de la parole retrouvée que je ne voudrais pas voir brûlées par une précipitation trop hasardeuse (…) »

Il y a là autant de sa personne, que de sa réflexion sonnante et trébuchante sur l’état du monde. Avec toutes les imperfections du monde, il nous livre tous ses écarts, tous ses bégaiements, toutes ses variations dues aux trébuchements même du monde qu’il traverse pour rejoindre notre autre monde, celui tiré du plus profond de nous-même, l’intérieur, l’intime.

« (…) J’ai de nouvelles pistes à emprunter, de ce côté-ci ou de ce côté là, sous l'impulsion de mes pas. Chargé de ceci ou de cela, comme ça, en l'état, tel quel, en me plongeant dans une situation donnée où l’intime me secoue, pour tenter d’arriver enfin vers le corps de l’autre... vers “ce qui m’a conduit à”(…) »

Ainsi revenir aux premières traces et se renforcer dans l’empreinte initiale, ainsi rester soi-même tout en se déplaçant, en se modifiant, en réajustant indéfiniment sa trajectoire, au delà de l’indéfinissable

Synopsi

Alexandre Fernandez tente avec "Solosoliloque" de toucher le point névralgique d'où s'opère la désintégration de l'homme, absorbé par une culture dominante, résistant contre le destin d'effacement que lui réserve le plus fort.

"Il s'agit pour moi de me confronter à mes deux espaces immédiats, l'un intérieur, mon intime, l'autre extérieur, le collectif. (...) Il se trouve que c'est après avoir relu "La misère du monde" de Pierre Bourdieu*, que j'ai ressenti le besoin de réécouter le récit de l'exil de mes parents que mon père m'avait enregistré sur une cassette deux ans auparavant, récit, de leur départ du Maroc (Tanger) pour le nord de la France (Hautmont), et dans laquelle, il donne d'ailleurs quelques détails sur leur installation à Maubeuge.

Et plus je réécoutais ce récit, plus il me venait en mémoire les situations humiliantes d'intégration vécues par toute notre famille. L'effort d'intégration qu'on nous demandait désintégra profondément ce que nous étions.

Et puis, il y a eu l'actualité qui ne m'a pas lâché durant tout ce temps, toutes ces scènes d'humiliation survenue dans les prisons d'Abou Ghraib près de Bagdad en Irak, celles d'une actualité omniprésente, d'une violence extrême, et aussi celle autrement dramatique, scandaleuse, une autre forme de désintégration, celle des "clandestins" qui se jettent à la mer et tentent coûte que coûte, de traverser le détroit de Gibraltar pour venir s'échouer sur les côtes espagnoles... Processus d'humiliation, de dégradation, de désintégration, aux multiples visages, aux multiples facettes, aux multiples possibilités.

Tout cela a fini par laisser des traces dans mon travail sur Solosoliloque.

 

*1939/2002, Pierre Bourdieu, sociologue et intellectuel français des plus influent durant ces dernières décennies et militant actif contre le libéralisme économique.

« Il est à mon avis certain que tout art est investi par les puissances refoulées d'une enfance… La création artistique est l'exemple le plus accompli de ce qu'est une sublimation des désirs inconscients. C'est la raison pour laquelle le grand art peut être à la fois provoquant, transgressif, et universel. La subjectivité humaine reconnait en lui la force irrésistible des traces cachées des désirs… Il éprouve dans cette reconnaissance un trouble suspect en même temps qu'une admiration rationnelle. C'est ce mélange que nous appelons le sentiment du Beau. » Alain Badiou, Éloge du théâtre, 2013.

"Le divertissement généralisé"

Nous vivons sous le règne de la banalisation par l’effet de la consommation, sous le régime de l’aliénation des individus par l’effet du divertissement généralisé d’une forme d’étourdissement par lequel les individus sont siphonnés. lire la suite