Plus d'Infos Aqui Vamos

SYNOPSIS Un homme déambule seul dans une forêt traversée par une rivière polluée par les pesticides. Il avance torse nu avec sac en bandoulière d’où il sort régulièrement un magnétophone à cassette, qu'il déclenche. Il porte un masque à gaz qu'il ne quitte jamais. L’air est vraisemblablement contaminé. De lui on ne sait pas grand chose. Est-il le gardien de la forêt ? Ou le dernier représentant de son espèce ? Ou encore le vestige d'une civilisation perdue ? Après une nuit mouvementée, côtoyant l’inexplicable comme autant d’éléments surnaturels, il décide de remonter le cours d’eau jusqu’à la source de ses préoccupations. GENÈSE Aqui vamos est né d’éléments simples mais amères. Ceux de la pollution toujours grandissante des cours d’eau qui charrient de plus en plus de pesticides mais aussi ceux d’une pollution « virale » de l’air, ajoutée à cela la violence policière qui continuent elles à nous blesser et nous mutiler au fil des manifestations. Ces éléments mis bout à bout, nous mène à la même conclusion : la violence de l'homme sur ce qui l'entoure et sur ses pairs. Très vite donc, cette envie de film est née et c'est au cours de l'été 2019, après la charge policière menée le jour de la fête musique du 21 Juin Quai Wilson à Nantes qui jeta à l’eau 14 jeunes et tua Steve Maia Caniço dont le corps a été retrouvé plus d’un après dans la Loire… que le projet d’Aqui Vamos a démarré. Le tournage du film s’est donc déroulé dans les décors naturels que nous offre les rives de la Sanguèze et la Maine. Nous étions une équipe très légère ce qui nous a permis d'avoir une grande liberté lors du tournage et de pouvoir expérimenter plusieurs choses ( jeu d'acteur avec un masque à gaz et implication du corps dans la nature, travail esthétique de l'image, recherche sonore…etc.). ESTHÉTIQUE Aqui Vamos est un film en noir et blanc avec des parties colorées dont la narration est assumée sans aucun dialogue, mais, rythmée par une bande-son composée de parties musicales originales, ainsi que d’une voix d’un autre monde celle d’un magnétophone à casette. Les premières images, à elles seules, peuvent nous laisser penser qu’elles claironnent une hymne à la vie tellement la nature y est impliquée par son étrangeté. Mais l’idée de ce film est de rompre avec un style de récit linéaire illustratif et de trouver une esthétique singulière, afin de créer des décalages temporels comme suspendus dans une temporalité inconnue. C’est pourquoi, la coloration de certains plans tournés en immersion dans l’eau et l’alternance esthétique des mouvements caméra composent la trame de la narration du film. VOIX OFF Nous avons recours à la « narration décentrée » d'une voix off radiophonique pour créer des décalages temporels, une voix off qui ne recoupe pas ce qu’on voit et se manifeste de façon impromptu en se désaxant par rapport au récit qui se déroule sous les yeux du spectateur. Ce film rompt avec le type de récit linéaire illustratif et s’essaie à trouver son propre style ample, élégiaque et cosmogonique… des images métaphysiques et épiques, des plans contemplatifs et picturaux qui évolueront comme dans une temporalité suspendue. CAMÉRA Le point de vue de la caméra est utilisé dans ce film comme un outil d’observation et de déstabilisation. Elle est subjective par moment, voir même intrusive, discrètement et avec insistance. Jeux de regards entre la caméra et l’acteur. Qui observe qui ? De l’observé à l’observateur. Comment peut-on remonter de ce qui est observé par l‘objectif de la caméra à celui qui observe à travers elle, c’est à dire l’œil du spectateur ?

 

« La forme est observable, l’œil est ce qui observe ; celui-ci est observé, la pensée est l’observatrice. Les modifications de la pensée sont observables ; le témoin est en vérité l’observateur, mais lui n’est pas observé… » 

POUR FINIR Si on devait classifier AQUI VAMOS, on serait tenté de le ranger dans le genre «  réalisme magique » dans « un jeu esthétique, spirituel et philosophique avec des éléments de réalité, doublé d'une interrogation métaphysique et ontologique ».

 

1ére partie - « L’ERRANCE » évoque l’observation de la présence d’un homme au visage protégé par un masque à gaz, qui erre et se fond dans la nature dans un long périple sensoriel qui prend racine sur les rives d’un fleuve. Cela pourrait s’apparenter à un voyage initiatique dans un rapport spirituel de l'individu à la nature et du lien entre grands espaces et possibilités introspectives, mais il s'agit ici d'une regard appuyé, celui de l’observateur, témoin voyeur (le spectateur), sur l’observé et l’observable (l'acteur) pour qu'au final la question de pose : qui observe qui ?

2 éme partie - « L’INSOMNIE » nous plonge en pleine forêt dans le tumulte de la danse onirique de la nuit, l’éveil de l’inconscient et des corps, de l’insomnie vivante, des rêves et des cauchemars, de nos démons à nos chimères… impliquant une cascade d’images en couleur de nos peurs et nos fuites.

3 éme partie - « LA SÉRÉNITÉ » pose la sérénité retrouvée sur le fil de l’eau des rives du fleuve et la remontée de celui-ci en barque jusqu’à sa source.

« Il est à mon avis certain que tout art est investi par les puissances refoulées d'une enfance… La création artistique est l'exemple le plus accompli de ce qu'est une sublimation des désirs inconscients. C'est la raison pour laquelle le grand art peut être à la fois provoquant, transgressif, et universel. La subjectivité humaine reconnait en lui la force irrésistible des traces cachées des désirs… Il éprouve dans cette reconnaissance un trouble suspect en même temps qu'une admiration rationnelle. C'est ce mélange que nous appelons le sentiment du Beau. » Alain Badiou, Éloge du théâtre, 2013.

"Le divertissement généralisé"

Nous vivons sous le règne de la banalisation par l’effet de la consommation, sous le régime de l’aliénation des individus par l’effet du divertissement généralisé d’une forme d’étourdissement par lequel les individus sont siphonnés. lire la suite